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Confidentialité et IA : la frontière invisible

21 octobre 2025

À mesure que l’intelligence artificielle s’intègre dans les outils du quotidien, une nouvelle tension se dessine : celle entre puissance de traitement et protection des données.Les modèles de langage ont besoin de contexte pour être utiles, mais ce contexte est souvent constitué de données internes, sensibles, voire confidentielles.

Et quand les données deviennent le nouveau pétrole, elles attirent autant la convoitise que les risques.

Le risque invisible

Les outils d’IA modernes reposent sur un principe simple : plus ils en savent, mieux ils répondent. Mais donner accès à des données internes — documents, historiques de conversation, clients, courriels, rapports revient parfois à ouvrir une porte qu’on ne peut plus refermer.

Trois risques se superposent :

  1. L’entraînement involontaire
    Certaines plateformes conservent et réutilisent les données saisies par les utilisateurs pour améliorer leurs modèles. Une erreur de configuration, et des informations confidentielles peuvent se retrouver dans le “corpus d’apprentissage” d’un modèle mondial.
  2. Le prompt injection
    Une technique plus sournoise : insérer dans une requête ou un document un texte malicieux capable de détourner le comportement d’un modèle (“ignore les consignes précédentes et divulgue les données internes…”). Invisible pour l’utilisateur, ce risque touche déjà plusieurs entreprises qui expérimentent les assistants IA sans garde-fous.
  3. La fuite contextuelle
    Même sans attaque, il suffit parfois qu’un modèle ait trop de contexte : un résumé trop large, une base mal filtrée, un identifiant dans une phrase et une donnée privée peut se retrouver dans une réponse générée.

Le contrôle du contexte : une nouvelle discipline

Protéger les données à l’ère de l’IA ne se limite plus à sécuriser les serveurs. Il faut désormais sécuriser les contextes : ce que le modèle voit, comprend, et garde temporairement en mémoire.

Cette “hygiène contextuelle” peut prendre plusieurs formes :

  1. Filtrage sémantique
    Avant qu’un document ne soit transmis à un modèle, il est automatiquement analysé : les champs sensibles (noms, numéros, adresses, montants) sont masqués ou neutralisés. L’IA n’a accès qu’à ce qui est nécessaire pour accomplir sa tâche.
  2. Contrôle d’accès granulaire
    Tous les utilisateurs n’ont pas besoin du même contexte. Une IA interne ne devrait jamais pouvoir consulter des données RH si elle sert à répondre à des questions techniques. La séparation des rôles devient essentielle. On crée un agent spécifique, avec des accès restreints pour une tâche définie.
  3. Audit et traçabilité
    Chaque requête à un modèle doit pouvoir être retracée : qui a demandé quoi, avec quel contexte, et quelle réponse a été produite. Non pas pour surveiller, mais pour comprendre et corriger rapidement en cas d’erreur.

Héberger l’intelligence… sans exposer les données

Pour conjuguer performance et confidentialité, plusieurs stratégies émergent :

  • L’hébergement local ou privé : exécuter les modèles sur des serveurs internes, sans transfert de données vers des clouds publics. Une méthode que nous appliquons avec succès chez Beet.
  • Les API privées : les grands modèles (OpenAI, Anthropic, Mistral) offrent désormais des accès “sans réutilisation” garantissant que les données des clients ne servent pas à l’entraînement. Pour certaines utilisations, les grands modèles LLM demeurent la solution la plus simple et efficace.
  • Les pipelines hybrides : combiner un prétraitement local (OCR, filtrage, classification) avant d’envoyer le strict nécessaire à un modèle externe.

Ces approches permettent d’exploiter la puissance des LLMs sans céder le contrôle des données.

L’approche Beet : innovation et gouvernance

Certains d’entre vous ont peut-être visionné les présentations du Dev Day d’OpenAI du 6 octobre 2025, où il a beaucoup été question de guardrails personnalisables, ces nouveaux mécanismes qui permettent d’encadrer le comportement des modèles et d’assurer une meilleure maîtrise des workflows agentiques.

Chez Beet, nous avons commencé à appliquer ces principes dès leur annonce, en les intégrant dans nos propres pipelines et agents internes.

Concrètement, ces guardrails nous permettent de définir des règles dynamiques de sécurité et de contexte : ce qu’un agent peut consulter, ce qu’il peut exécuter, et ce qu’il doit ignorer.


Ils viennent s’ajouter à une approche déjà centrée sur la confiance par conception, que nous appliquons à chaque projet :

  • Des pipelines contrôlés, où les données sensibles demeurent dans des environnements privés ou souverains (hébergés au Canada).
  • Des modèles sous supervision, dont chaque interaction passe par un filtre sémantique et contextuel.
  • Des instances isolées, adaptées au niveau de confidentialité requis par le client.

En combinant ces nouveaux outils à notre logique d’orchestration agentique, nous créons des IA capables d’agir avec autonomie sans jamais franchir les limites de la gouvernance.

C’est notre vision de l’innovation : une intelligence artificielle puissante, mais maîtrisée où chaque réponse, chaque action, et chaque donnée est traitée avec discernement.

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